La blessure d'abandon

Imaginez que vous vous faites mal à la main, vous avez une blessure qui saigne.

Vous décidez de mettre un pansement dessus mais sans nettoyer ni désinfecter.

Il y a de forte chance que cette blessure vous tracasse, vous la ressentez, elle vous gêne.

Et parfois, certaines personnes, sans le vouloir, vont toucher votre main et votre blessure risque de vous faire très mal.

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Le principe d’une blessure dont je veux vous parler, que l’on nomme « blessure de l’enfance » ou « blessure de l’âme » est exactement le même que la blessure à la main.

Vous la cachez sous un pansement de non-dits, d’évitements, de refoulements… elle vous tracasse, vous la ressentez, elle vous gêne mais souvent vous l’avez oubliée.

Et lorsque des personnes, sans le vouloir, vont réveiller votre blessure, celle-ci va vous faire mal et développer en vous un trop plein d’émotions.

Ces émotions, abordées dans le texte « Les émotions, leurs blessures » peuvent avoir une intensité différente selon chaque individu car chacun vit les évènements avec plus ou moins de ressentis, de recul en fonction de sa sensibilité.

Et automatiquement, les blessures correspondantes seront proportionnelles à leurs émotions.

Ces blessures sont au nombre de cinq.

Voici la blessure d’abandon.

La personne souffrant d’une blessure d’abandon vit dans la peur constante d’être rejetée, délaissée ou mal aimée.

La solitude peut être pour elle un véritable calvaire. Le cerveau s’est imprégné de cette peur et a intégré le fait que, confronté à la solitude, la peur va réapparaître et prendre le dessus.

Du coup, elle va vouloir plaire à tout le monde et fera tout pour se fondre dans la masse par peur d’être rejetée. Cette peur de l’abandon  amène donc à vivre des situations inconfortables.

Elle a des difficultés à dire non, à poser ses limites, elle s’excuse régulièrement, le conflit lui fait peur et souhaite que tout le monde l’aime.

Dans le même sens, l’approbation des autres est cruciale. Ce besoin de validation fait partie des signes marqueurs d’une blessure d’abandon.

Elle a peur de la solitude et cherche à plaire, refuse le conflit et cherche l’approbation des autres, mais elle a du mal à faire confiance. Dans une relation, elle est facilement en dépendance affective, mais elle se méfie et peut développer une jalousie maladive.

Cette blessure ainsi que les quatre autres ont été exposées par John Pierrakos, psychiatre américain et ce concept a ensuite été repris et développé par Lise Bourbeau, thérapeute originaire du Canada.

Elles trouvent leur origine dans l’enfance mais elles peuvent également être issues d’un héritage émotionnel.

En ce qui concerne la blessure d’abandon, elle se développe dans la petite enfance, entre 0 et 3 ans environ, quand l’un des parents reste distant, est peu présent, absent ou manque d’autorité, ce qui provoque un sentiment d’insécurité ou un attachement qui n’a pas pu se faire convenablement.

Mais attention, il n’est pas nécessaire d’avoir vécu un abandon parental, une maltraitance pour développer cette blessure. Parfois, il suffit qu’un parent soit un peu moins présent par rapport à sa profession, qu’il soit peu attentif aux émotions des enfants, etc...

Tout va dépendre d’où se situe le curseur émotionnel de l’individu. Au sein d’une même fratrie, un enfant peut développer un sentiment d’abandon mais pas ses frères et sœurs. Chacun réagit selon ses propres ressentis, son propre degré émotionnel.

La blessure d’abandon peut également être déclenchée un peu plus tard lorsque se forment les premières relations interpersonnelles au cours de l’enfance ou de l’adolescence principalement en lien avec différents évènements : deuil, départ d’un parent...

La blessure d’abandon est un sentiment et non une pathologie.

Ces blessures peuvent marquer à jamais une personne. Elles peuvent même impacter directement la personnalité et le comportement de façon totalement inconsciente.

Cette instabilité affective peut être difficile à vivre au quotidien.

Le vécu de l'abandon, mis en lien avec le sentiment de notre propre valeur, de notre estime de nous-même, peut déboucher sur le ressenti que nous sommes abandonnés car « nous ne méritons pas autre chose ».

L’enfant qui se retrouve « abandonné » (physiquement ou émotionnellement), intègre le fait que c’est entièrement de sa faute. Par conséquent se développe le sentiment de ne pas mériter la confiance et l’amour des autres...

Il peut suffire d’une réflexion, d’une remarque pour être « blessé » pour faire ressurgir toutes les émotions de peur, de colère, de tristesse, etc... tel « une éponge émotionnelle ».

Mais comment savoir si l’on souffre de la blessure d’abandon et comment la soigner ?

Si la blessure est légère, un travail sur soi peut être bénéfique par une meilleure connaissance de soi et de son fonctionnement. De nombreux ouvrages traitent ce sujet et certaines thérapies peuvent aider grandement : hypnose, constellations familiales…

Si la blessure à un plus grand impact sur la vie quotidienne, une psychothérapie peut être nécessaire afin d’aider à reconsidérer les événements douloureux sous un autre angle, pour en diminuer l’impact émotionnel, reconstruire l’estime de soi, travailler sur la colère, sortir de la dépendance affective, apprendre à faire confiance aux autres et à soi-même…

Pour en savoir plus : 

"Les 5 blessures qui empêchent d'être soi-même" de Lise Bourbeau.

"La guérison des cinq blessures" de Lise Bourbeau.